Cette communication montrera les premiers résultats d'une étude sur les néo-locuteurs et néo-locutrices du basque, du catalan et de l'occitan. Elle est basée sur des questionnaires que plus de 1300 personnes ont complétés. Parmi elles, environ 600 habitent en France, le long des Pyrénées et vers l'intérieur du pays. Les données (récoltées entre novembre 2023 et mars 2024) contribueront à mieux connaître les traits qui caractérisent les groupes de néo-locuteurs et néo-locutrices dans les différentes régions ainsi qu'à comprendre les circonstances sous lesquelles se déroulent leur apprentissage et leur pratique de langue régionale. Les personnes du groupe cible, les néo-locuteurs et néo-locutrices, ont en commun le fait d'apprendre de leur propre initiative une langue en situation de minorisation qui ne leur a pas été transmise en famille (cf. O'Rourke & Pujolar 2015 : 1).
Ce phénomène plutôt récent dans la recherche sur les langues minorées que représentent les néo-locuteurs et néo-locutrices a un grand potentiel : Ils pourraient freiner ou même arrêter la chute du nombre de locuteurs qui est actuellement typique pour la situation de beaucoup de langues régionales (cf. Morris & Williams 2000 : 127).
Tous les participants de l'enquête présentée sont en train de suivre un cours de langue ou ils en ont suivi dans passé. C'est-à-dire, ils font partie de l'une des grandes stratégies de revitalisation, l'enseignement auprès des adultes. Les cours sont mis en place à de nombreux endroits par les différents organismes de façon que même dans beaucoup de petits villages, les intéressés ont la possibilité de commencer l'apprentissage. Cependant, pour avoir le choix entre plusieurs niveaux, la plupart du temps, il faut se rendre en ville. Par exemple, les cours de gascon extra-universitaires pour avancés trouvés lors de ce projet ont lieu uniquement à Pau.
Les néo-locuteurs et néo-locutrices interrogés ne font pas qu'indiquer des points clés de leur biographie linguistique et leurs attitudes envers la langue régionale respective, mais ils révèlent également leurs perceptions du monde autour d'eux : Ces questions traitant l'image et la présence de la langue dans leur entourage aideront à estimer la vitalité des trois langues.
Les témoignages des participants fournissent des informations au-delà des facteurs qui déterminent la vitalité selon l'UNESCO (2003 : 7-11), car ils montrent le côté pratique des taux de locuteurs, de la transmission intergénérationnelle et de la disponibilité de matériaux scolaires. On verra combien d'interlocuteurs possibles ils connaissent, en quelle relations ces personnes se trouvent et à quelle fréquence ils leur parlent en langue régionale.
En catégorisant et en comparant les témoignages, les profils récurrents des personnes retrouvées dans les cours de langue seront démontrés. L'ensemble des analyses des réponses aidera à rendre comparable les différentes situations dans lesquelles les néo-locuteurs et néo-locutrices se trouvent et on verra à quel point elles diffèrent d'une région à l'autre.
Morris, Delyth / Williams Glyn (2000): Language Planning and Language Use: Welsh in a Global Age. Cardiff: University of Wales Press.
O'Rourke, Bernadette / Pujolar, Joan / Ramallo, Fernando (2015): „New speakers of minority languages: the challenging opportunity - foreword.”, in: International Journal on the Sociology of Language 231: 1-20.
UNESCO (2003): Language Vitality and Endangerment. International Expert Meeting on UNESCO Programme Safeguarding of Endangered Languages. Paris: UNESCO.