Par intervenant > Ellouzi Houria

La langue arabe en France, langue minoritaire ou minorisée?
Houria Ellouzi  1@  
1 : Ministére de l'éducation nationale

Son statut de langue de France « non territoriale » ne confère pas pour autant à la langue arabe le même traitement que les autres langues régionales reconnue sur le territoire. Elle reste perçue comme une « langue étrangère ». Pour autant, elle ne bénéficie pas non plus du même traitement que les autres langues étrangères . Par ailleurs, la place particulière de l'arabe réside par la concurrence institutionnelle des cours de langue vivante et celui d'ELCO/EILE au sein de l'institution scolaire. Le fait que l'arabe puisse être enseignée comme les autres langues étrangères mais que l'offre soit si peu répandue jouant ainsi sur sa dévalorisation sur le marché scolaire et que, parallèlement, les ELCO/EILE arabes continuent d'exister, traduit la difficulté et la frilosité de la France à reconnaitre une place légitime à la langue arabe dans le paysage linguistique national. En fait, la connaissance de la langue arabe ne soit pas perçue comme une valeur ajoutée, au même titre que la maîtrise d'autres langues comme l'anglais pour ne citer que cette langue (Bertucci, 2007). D'un point de vue plus général, la France s'est construite autour d'un idéal monolingue et monovariétal écartant des pratiques légitimes comme les langues régionales et les langues d'Outre-Mer. Il n'est donc pas surprenant de voir le traitement des langues d'immigration. Le français s'institutionnalise contre la concurrence extérieure des autres langues et celle, intérieure, des formes de français non-standard (Guerin, 2015). Cette supériorité du français (Blanchet, 2013, 2017) et son statut d'unique langue officielle de France est une garantie institutionnelle de la cohésion et l'unité nationale . La langue arabe reste une langue « minoritaire » et non territoriale et souvent assimilée comme langue du Coran et de l'Islam. C'est cette connotation religieuse qui dérange « la laïcité française ». Malgré sa richesse, son histoire et son déploiement dans le monde, on continue, en France à dévaluer la langue arabe. C'est pour des raisons essentiellement politiques et idéologiques qu'on ne cherche pas à « faire autrement ».



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