Chansigne : histoire des LS et littérature sourde
La littérature sourde se distingue de la littérature écrite et vocale. La littérature sourde contient tout ce qui est production de langues des signes de la communauté sourde (Sutton-Spence & Machado, 2023). Le domaine « chansigne » peut s'appréhender comme suit : « Les sourds ont une voix, ne sont physiologiquement pas muets : S'ils peuvent chanter, ils préfèrent souvent le faire « à leur manière », en « mettant en scène » la chanson , en utilisant la langue des signes comme voix. » (Schetrit, 2013, page 4). Il est également intéressant d'étudier le pont entre la LS et la LV dans le chant et le chansigne.
Contexte de la recherche
Ce travail se base sur l'histoire des langues des signes des deux continents et sur la littérature sourde afin de comprendre comment chaque pays s'est développé en terme de littérature sourde artistique. Le chansigne sera présenté et défini ainsi que sa production et son fonctionnement.
Cette étude présente un travail comparatif entre la langue des signes française (LSF) et la langue des signes coréenne (KSL). Il est utile d'étudier et d'enseigner les productions en chansigne pour comprendre les stratégies des chansigneurs à utiliser différentes structures linguistiques des langues des signes sans l'influence du français écrit. Quelles sont les règles dans les structures linguistiques ? Comprendre les grands domaines : Phono-morphologie, les transferts et l'Iconicité. Concernant les structures linguistiques, les travaux de Cuxac & Sallandre (2007) expliquent les types d'iconicité présents dans chaque structure linguistique et les paramètres manuels et non manuels afférant à chaque structure. Par ailleurs, les travaux en typologie de Santoro (2021) sur la langue des signes italienne sont essentiels pour comprendre ceux de la LSF et de la KSL. La thèse de Guitteny (2006) explique que le caractère combinatoire des signes est un phénomène intéressant et important : il est quasiment toujours possible de « jouer » sur chacun de ces atomes de sens, afin d'infléchir l'énoncé vers un vouloir-dire particulier ».
Méthodologie
La méthodologie sera présentée pour établir les raisons des différentes stratégies appliquées dans les structures linguistiques du chansigne Français ou Coréen au travers de vidéos authentiques.
Nous partons d'un recueil de chansignes existants en LSF que nous allons compléter puis comparer avec des données en KSL. Un recueil de données vidéos sera effectué en Corée en juillet 2024 (hymnes nationaux, chansignes issus de styles musicaux divers, etc.). Ensuite, ces chansignes seront annotés au moyen d'une grille d'annotation multilinéaire dans le logiciel ELAN.
Conclusion
Pour comprendre la création en chansigne, champ de recherche émergent, les structures linguistiques des langues des signes française et coréenne doivent être étudiées minutieusement et être comparées entre elles. Grâce au corpus vidéo en cours et à venir, la connaissance sur ce genre littéraire récent devrait être amélioré. Nous serons en mesure notamment de dire quelles structures linguistiques sont les plus utilisées dans le genre du chansigne (structures très iconiques comme les prises de rôle, etc.) et quels marqueurs prosodiques reflètent ce genre littéraire.
Cette recherche a donc un objectif à la fois de recherche fondamentale et de recherche appliquée à l'enseignement bilingue pour les enfants et adolescents sourds, et à l'enseignement de la langue des signes aux adultes entendants.
Bibliographie
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- Cripps, J. H., Small, A., Rosenblum, E., Supalla, S. J., Whyte, A. K., & Cripps, J. S. Signed music and the deaf community. Culture, deafness & music: Disability studies and a path to social justice. Sense Publishers.
- Cuxac, C. & Sallandre, M.-A. (2007). “Iconicity and arbitrariness in French Sign Language: Highly Iconic Structures, degenerated iconicity and diagrammatic iconicity.” In Antinoro Pizzuto, E., P. Pietrandrea, R. Simone (Eds.). Verbal and Signed Languages: Comparing Structures, Constructs and Methodologies. Berlin: Mouton de Gruyter. 13-33.
- Guitteny. P (2006) . Le passif en langue des signes. Thèse de doctorat, Université Michel de Montaigne Bordeaux III. [https://theses.hal.science/tel-00423884/]
- Lane, HL, Hoffmeister, R. et Bahan, BJ (1996). Un voyage dans le monde des sourds . Presse de signe de l'aube.
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- Pizzuto, E. A., Pietrandrea, P., & Simone, R. (2007). Verbal and Sign Languages. Comparing Structures, Constructs, Methodologies (p. 350). Mouton de Gruyter.
- Sallandre, M. A. (2014). Compositionnalité des unités sémantiques en langues des signes. Perspective typologique et développementale. Habilitation à diriger des recherches, Université Paris 8. https://theses.hal.science/tel-01336182
- Santoro, M. (2022). Linguistique des langues de signes. Conférence Grammaire et Iconicité, Université Michel de Montaigne, Bordeaux, 3 décembre 2022.
- Schetrit, O. (2013). Dépasser la violence par la création?. Anthrovision. Vaneasa Online Journal, (1.2). [https://journals.openedition.org/anthrovision/569 ].
- Sutton-Spence, R. et Kaneko, M. (2017). Présentation de la littérature en langue des signes : folklore et créativité . Éditions Bloomsbury.
- Sutton-Spence, R., & de Araújo Machado, F. (2023). Creative Sign Language. Cambridge University Press.
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