Langue et culture occitanes : l'état d'urgence permanent, entre perte de la langue et actions de formation
Marie-Jeanne Verny  1@  
1 : Recherches sur les Suds et les Orients
Université Paul-Valéry - Montpellier 3, Université Paul-Valéry - Montpellier 3 : EA4582

 La situation de l'occitan-langue d'oc est à la fois complexe, eu égard de la dimension et de l'hétérogénéité de son espace d'expression, et paradoxale : le constat s'impose d'une disparition de la langue dans les espaces d'expression traditionnels où elle était demeurée socialement efficiente, essentiellement les zones rurales montagnardes et les milieux agricoles traditionnels. Ce constat entraîne des discours de désespoir ou de résignation comme celui que vient de produire l'écrivain, musicien et éditeur – de la grande Marcelle Delpastre notamment – Jan dau Melhau[1].

Au niveau de l'enseignement, des disparités sont immenses entre les moyens dévolus à l'occitan par rapport à d'autres langues ; ces disparités sont immenses aussi entre académies de l'espace concernés. Enfin la mise en application de la récente loi de 2021 est un parcours du combattant permanent.

Parallèlement les résultats des enquêtes sociolinguistiques comme celle, réalisée en 2020 de l'Office public de la langue occitane relative à la pratique et aux représentations de la langue occitane en Nouvelle-Aquitaine, en Occitanie et au Val d'Aran (https://www.ofici-occitan.eu/fr/restitution-des-resultats-de-lenquete-sociolinguistique/), révèlent un attachement massif des populations à leur langue ; des collectivités – comme la Région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée – mettent en place des plans de développement (https://www.laregion.fr/Cultura-Viva-Nos-langues-occitane-et-catalane). Le mot « occitan » lui-même prend de plus en plus le pas sur le terme dépréciatif – quoi qu'en pensent ses usagers – de « patois », à côté, en Provence, grâce à la renommée de Mistral, du terme « provençal ». Dans une mesure bien moindre que pour les autres langues régionales, l'enseignement de l'occitan notamment sous la forme du bilinguisme public à parité horaire, se développe dans le premier degré. Les plus puissantes organisations syndicales enseignantes élaborent des mandats de congrès favorables à l'enseignement des langues régionales. Autant de signes positifs qu'il ne faut pas sous-estimer.

Ce sont ces paradoxes que je souhaiterais mettre en évidence

[1] Article intitulé « Pour Jan Dau Melhau, conteur et éditeur en occitan du Limousin, ʺla langue occitane va mourirʺ » 15/02/2024 – Le Populaire du Centre – Limoges - https://www.lepopulaire.fr/limoges-87000/loisirs/pour-jan-dau-melhau-conteur-et-editeur-en-occitan-du-limousin-la-langue-occitane-va-mourir_14452945/


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